Dans le bureau de… Alice Mouton, Senior Content designer chez Malt

Dans le bureau de… Alice Mouton, Senior Content designer chez Malt

Portrait d’Alice Mouton, Content designer chez Malt.

Dans le bureau de… Alice Mouton, Senior Content designer chez Malt

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« Dans le bureau de… » est notre première série d’articles destinés à vous plonger dans la vraie vie de celles et ceux qui font de l’UX writing et du Content design. UX writers, Content designers, Product marketing managers… mais aussi Product designers et Product managers adeptes de l’approche content-first.
  • Des profils variés qui partagent leur vie (et leur avis) sans filtre
  • Un format portrait en 10 questions + une boîte à outils
  • Du contenu pratique : rituels, ressources, contacts…

« À quoi ressemble le quotidien des UX writers ? »

C’est LA question qu’on reçoit le plus souvent.

Pour vous répondre, nous nous sommes invitées dans un nouveau bureau, celui d’Alice Mouton, Senior Content designer chez Malt.

Enfant, elle se rêvait archéologue ou éducatrice spécialisée. Mais finalement, elle a pris le chemin des langues et de la traduction.

Son premier emploi, elle l’exerce pour rédiger tous types de contenus dans une SaaS. Elle y travaille au contact des équipes Produit. Et puis, progressivement, elle participe à la conception d’une expérience. Son intérêt pour l’UX writing est né.

Elle se forme alors à l’UX, décroche un job d’UX writer en freelance, intègre Lydia comme première UX writer et pose finalement ses valises chez Malt en mars 2023.

Elle y est la seule Content designer. Au quotidien, elle accompagne les Product designers pour concevoir et améliorer l’expérience utilisateur, et prend sa casquette d’Ops pour notamment construire le Content system.

Mon défi actuel, c’est d’aller au-delà des débats d’opinion quand il s’agit de juger la qualité d’un contenu. J’aimerais qu’on dépasse les simples « on préfère ce mot-ci à celui-là ».

En creusant un peu, ce « on préfère » est en fait motivé par des critères objectifs comme :

  • C’est plus accessible
  • C’est plus concis
  • C’est plus en phase avec la marque
  • Ou c’est un terme que les utilisateurs et utilisatrices connaissent déjà

Heureusement, il y a 3 éléments qui permettent de remédier à la subjectivité et aux matchs de ping-pong.

📖 Bonne lecture !

Comment expliques-tu ton job de Content designer à une personne qui n’y connaît rien (ou presque) ?

Tout dépend si la personne est familière avec le monde de la Tech ou non.

En général, je résume en disant : « tu vois tous ces petits textes, ceux qui rendent l’utilisation de ton application ou site super intuitive ? C’est de l’UX writing. » Ce simple exemple aide à comprendre que le but, c’est de rendre l’expérience utilisateur fluide et agréable.

Quand je parle avec des Product managers, des ingénieurs, ou des Product marketing managers, je leur explique que le Content design, c’est un peu comme le Product design, mais sous l’angle de l’information. Parler de design facilite généralement l’évangélisation du métier.

Tu voulais faire quoi quand tu étais petite ?

Comme tous les enfants, j’étais très curieuse : espace, dessin, nature... Tout y est passé ! Il y notamment a deux métiers qui m’intriguaient et me faisaient rêver : archéologue et éducatrice spécialisée.

Finalement, une fois le Bac en poche et admise en classe préparatoire, je me suis tournée vers les langues et la traduction. C’est là que j’ai découvert le plaisir de jouer avec les mots, de décoder et de transmettre des messages.

Comment es-tu devenue Content designer ?

Version courte : on va dire que c’est arrivé un peu par hasard !

Version longue : après mes études de traduction, j’ai décroché mon premier emploi en Content writing. J’ai fait de la rédaction pour un SaaS pendant un an. Je produisais un peu de tout : articles de blog, interviews clients, FAQ, livres blancs, etc.

J’ai ensuite brièvement travaillé comme Product marketing manager dans cette même startup, ce qui m’a rapprochée des équipes Produit et m’a permis de participer à des projets comme la création d’une expérience de self-onboarding. Sans vraiment le savoir, j’étais déjà en train de faire de l’UX writing !

En voyant cette approche plus centrée sur l’utilisateur, j’ai décidé de quitter le marketing pour me former à l’UX.

Quelques mois plus tard, j’ai décroché une mission d’UX writing au sein du Groupe Renault, où j’ai eu la chance de travailler entre autres avec Axel Viersac, Élodie Veysseyre et Julie Dubois. Leur soutien m’a permis de continuer à me former et à m’affirmer dans cette spécialité.

Le bureau d’Alice Mouton, Content designer chez Malt.
Le bureau d’Alice Mouton 👆

As-tu des petits rituels en tant qu’UX writer ?

En tant qu’Ops et seule Content designer pour une dizaine de squads, mon quotidien est rythmé par pas mal de rituels.

  • Des sessions de coaching avec les Product designers et les PM : un moment privilégié pour échanger sur les priorités du moment, rechercher la terminologie clé, co-designer et co-écrire.
  • La Design Crit avec les Product designers, deux fois par semaine, où on discute des choix UX, UI et contenu.
  • Le Design System Jam, orchestré par notre Design system manager : toute l’équipe Design revoit et valide les patterns de différents composants. Aujourd’hui, on intègre de plus en plus le Content design dans cette réflexion.
  • Notre bi-weekly Content x Design system : avec notre Design system manager pour affiner ensemble les guidelines des composants.
  • La bi-weekly Content x Localisation : pour parler glossaire, style guide et processus de localisation.
  • La bi-weekly Content x PMM : pour échanger sur des sujets clés et s’assurer que l’expérience produit reflète bien nos propositions de valeur.
  • La bi-weekly Content x Design Leads : pour s’aligner sur les priorités et assurer la cohérence informationnelle et terminologique entre les différentes squads.
  • Et plus récemment, des sessions de QA - seule ou avec les Product designers : pour vérifier la qualité du contenu et appliquer des ajustements continus.

Il y a un sujet qui t’a fait galérer (un peu, beaucoup…) mais dont tu as appris en tant qu’UX writer ?

Ah oui : l’évangélisation du Content design ! C’est un sujet qui fait galérer beaucoup de Content designers et d’UX writers, je crois. Expliquer nos méthodologies, intégrer les framework produit, être sollicité au bon moment…

Mon défi actuel, c’est d’aller au-delà des débats d’opinion quand il s’agit de juger la qualité d’un contenu. J’aimerais qu’on dépasse les simples « on préfère ce mot-ci à celui-là ».

En creusant un peu, ce « on préfère » est en fait motivé par des critères objectifs comme :

  • C’est plus accessible
  • C’est plus concis
  • C’est plus en phase avec la marque
  • Ou c’est un terme que les utilisateurs et utilisatrices connaissent déjà

Malheureusement, bien trop souvent, on se retrouve encore avec des discussions subjectives où chacun défend son « ça sonne mieux comme ça ». À ce stade, on n’est plus dans une méthode de discovery, mais dans un match de ping-pong.

Alors, comment on y remédie ?

1. D’abord, les guidelines. Que ce soit la Brand ou les UX writers / Content designers qui les créent, les style guides, glossaires, règles d’accessibilité et le Design system sont essentiels pour évaluer la qualité d’un contenu.

2. Ensuite, une intégration du contenu dans les process de discovery. Chez Malt, Caroline Caltagirone (Lead User Researcher et Lead Design Ops) et moi faisons de la recherche terminologique une habitude pour les Product designers et PM.

3. Enfin, on travaille à une approche quantifiée et data-driven de la qualité (ça, c’est mon prochain chantier). Ça passe entre autres par du tracking des éléments clés, des retours d’expérience client, l’analyse de heat maps et des A/B tests. C’est en mesurant l’impact de notre contenu qu’on peut enfin décider si on est sur la bonne voie.

Il y a quoi dans ta boîte à outils pour travailler ou collaborer en tant que Content designer ?

  • Notion : pour centraliser la documentation et gérer une partie de la collaboration.
  • Slack : très pratique pour la communication d’équipe, avec pas mal de processus automatisés pour faciliter les échanges à distance.
  • Figma : pour la création, la révision, mais aussi pour ses plugins comme Pseudoloc.
  • Mobbin : pour le benchmark et l’inspiration.
  • Zeroheight : pour centraliser notre (Content) Design system.
  • Dust : pour élaborer notre chatbot interne d’IA générative. Les designers et PM s’en servent pour booster leur créativité. Comme j’y ajoute régulièrement nos guidelines internes, le contenu qu’ils créent respecte notre tone of voice, notre terminologie, etc.
  • Des outils d’IA générative (ChatGPT, Claude, Gemini) : pour gagner en efficacité et booster la créativité.

Qui est LA personne sur qui tu peux toujours compter pour t’aider ou te challenger en tant qu’UX writer ?

Chez Malt, j’ai la chance d’avoir des collègues sur qui je peux compter. Pour n’en citer que deux :

  • Teresa, notre Localization manager qui me challenge régulièrement sur le glossaire ou l’aspect localisable du contenu source créé.
  • Radja, Product designer, toujours partante pour challenger le statu quo et organiser des sessions de co-design.

En dehors, je suis régulièrement les échanges des communautés comme UX Writers FR et UX Writing Hub, pour de précieux conseils.

Tu trouves qu’il y a un sujet dont on ne parle pas assez en UX writing/Content design ?

Deux sujets mériteraient plus d’attention, je pense :

  • La mesure de l’impact et de la qualité. Comme je l’ai mentionné plus haut, trop souvent le cycle de vie du contenu s’arrête à la livraison. Il est pourtant crucial de mesurer, d’optimiser et d’ajuster le contenu en fonction des retours utilisateurs et des performances observées.
  • L’importance de se former à d’autres compétences. Comme on le sait, l’UX writing et le Content design ne se limitent pas à écrire des textes. Pourtant, beaucoup d’entreprises sont encore frileuses à investir dans cette fonction. L’UX writer d’aujourd’hui doit apporter à la table des compétences en User research, Product design, data, localisation, ou encore IA générative pour convaincre.

Quel est l’argument que tu avances pour aligner tout le monde sur le contenu UX ?

À vrai dire, il y a 3 éléments sur lesquels je m’appuie pour argumenter :

  1. La recherche, les tests utilisateurs et la data. Ces éléments sont essentiels pour une approche user-centric et pour convaincre du bien-fondé des choix de contenu.
  2. Le Content system : style guide, glossaire, règles d’utilisation des composants, tout est pensé pour soutenir la cohérence et la qualité du contenu.
  3. Le ratio coût/bénéfice : pour ne pas avancer à contre-courant, le ou la Content designer se doit aussi d’être pragmatique et de s’aligner sur les exigences techniques et business.

Un conseil de pro pour une personne qui voudrait se lancer en UX writing ou Content design ?

Ne vous inquiétez pas si vous ne venez pas du monde du Produit ou du Design ! Aujourd’hui, il y a énormément de ressources gratuites et accessibles pour acquérir les bases. Lisez, participez à des meet-ups, assistez à des conférences, et surtout, rencontrez des UX writers et Content designers en poste. Ces échanges permettent de mieux comprendre la réalité du terrain et les défis de ce métier.

Enfin, si vous avez la possibilité d’intégrer une équipe Design mature : foncez ! Vous pourrez vous concentrer sur des sujets à haute valeur ajoutée, et vous y rencontrerez certainement vos futurs mentors.

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Merci à Alice de s’être prêtée au jeu du portrait de Content designer !

Des UX writers/Content designers que vous aimeriez découvrir ici ? N’hésitez pas à nous suggérer des noms, nous sommes toutes ouïes ☺️

➡️ Dans la même série, retrouvez les portraits de :

Les ressources conseillées par Alice pour progresser en UX writing

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