Dans le bureau de… Camille Bourjade, Content Designer & Spécialiste Content Ops freelance

Dans le bureau de… Camille Bourjade, Content Designer & Spécialiste Content Ops freelance

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Dans le bureau de… Camille Bourjade, Content Designer & Spécialiste Content Ops freelance

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« Dans le bureau de… » est notre première série d’articles destinés à vous plonger dans la vraie vie de celles et ceux qui font de l’UX writing et du Content design. UX writers, Content designers, Product marketing managers… mais aussi Product designers et Product managers adeptes de l’approche content-first.
  • Des profils variés qui partagent leur vie (et leur avis) sans filtre
  • Un format portrait en 10 questions + une boîte à outils
  • Du contenu pratique : rituels, ressources, contacts…

« À quoi ressemble le quotidien des UX writers ? »

C’est la question qu’on reçoit le plus souvent.

Alors, pour vous répondre, nous avons joué une nouvelle fois les petites souris et nous sommes glissées dans le bureau de Camille Bourjade, Content designer et spécialiste en Content Ops, actuellement en mission freelance chez Mirakl.

Un écran à la fois, nous frayons la voie qui permettra aux UX writers et aux Content designers de demain ne plus avoir à mener les batailles d’opinions, mais plutôt de recentrer les débats sur un contenu au service de l’expérience utilisateur.

Comme beaucoup d’UX writers et de Content designers, Camille n’a pas ce qu’on pourrait appeler un parcours linéaire. Des expériences diverses et variées, mais avec un fil rouge évident : celui de la communication entre deux groupes qui ne parlent pas forcément la même langue.

Camille a démarré sa carrière en tant qu’interprète de conférence et a enseigné l’anglais avant de devenir Content designer. D’abord, chez Akeneo et Malt, puis à son compte en se spécialisant également dans le Content Ops.

Son leitmotiv ? S’assurer que tout le monde puisse se comprendre, soit par son intermédiaire directement, soit par l’intermédiaire d’une interface.

📖 Bonne lecture !

Comment expliques-tu ton job d’UX writer à une personne qui n’y connaît rien (ou presque) ?

Alors… si je devais l’expliquer de vive voix, ça ressemblerait à ceci :

« Tu vois, les designers composent une application avec des boutons, des formes, des composants… De mon côté je fais la même chose avec les mots ! Quand tu utilises une application, le plus important est de t’y retrouver. Que ce soit simple, qu’on ne change pas de mots au fur et à mesure des écrans sur lesquels tu navigues… Sinon tu serais vite perdu·e et tu arrêterais d’utiliser cette app. »

Tu voulais faire quoi quand tu étais petite ?

Celle-ci, c’est une question facile ! 😊 J’ai eu la chance de faire du métier de mes rêves ma réalité : j’ai toujours voulu être interprète de conférence. Depuis le collège, je crois. J’ai réussi à concrétiser mon rêve professionnel en partant étudier à Bruxelles et en y devenant interprète. J’ai fait ce métier pendant 8 ans, en freelance et au Parlement Européen. C’est un métier ultra grisant, avec beaucoup de stimulations et d’énormes enjeux auprès des utilisateurs et utilisatrices. L’interprète est littéralement le garant ou la garante de la communication ; il n’y a pas de tooltips ni de centre d’aide si le message n’est pas assez clair ! 😃

Comment es-tu devenue UX writer ?

Après toutes ces années à Bruxelles et un déménagement à Nantes, j’ai découvert le monde de la tech en étant professeure d’anglais pour des start-ups nantaises. En aidant des Product managers et des Product designers à améliorer leur anglais, j’ai petit à petit mis mon nez dans les maquettes, et c’est comme ça que j’ai découvert l’UX writing. Comme beaucoup d’entre nous, j’ai commencé à exercer ce métier sans savoir le nommer (ce qui est un peu le comble 🫣). J’ai été rassurée lorsque j’ai décroché mon premier poste avec le « bon » titre. Ça te donne une sacrée validation lorsque ta discipline est reconnue par toute une équipe !

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Le vrai bureau de Camille Bourjade ☝️ 

As-tu des petits rituels en tant qu’UX writer ?

D’abord, je me prépare une énorme théière qui m’accompagnera toute la matinée. 😄

Ensuite, pour tous les projets, qu’ils concernent du craft (ndlr : de la conception de contenus) ou de l’ops, je cherche à bien comprendre le problème principal que l’on cherche à résoudre pour les utilisatrices.

  • Dans un projet de craft, je propose généralement aux designers et/ou aux PMs de remplir un brief pour expliquer les principaux enjeux pour les utilisateurs, mais aussi les enjeux pour l’entreprise.
  • Pour un projet ops, la démarche est un peu moins naturelle. C’est l’histoire des cordonniers les plus mal chaussés, et je me mets plutôt au service des designers et des PMs.

Dans les deux cas, il y a de la recherche, du benchmark, et aussi du Steal (comme expliqué dans le livre Discovery Discipline) : j’essaye de trouver des bonnes idées à droite à gauche, sur des sites et produits qui ont déjà fait leurs preuves.

Ce que j’aime le plus, c’est le co-design. J’adore travailler en jam (ndlr : les jam sessions sont des sessions d’improvisation) avec les designers et les PMs. Travailler sur les wireframes très tôt dans le process design permet de solidifier l’architecture de l’information. Ce qui permet ensuite d’avancer plus vite sur les iterations à la fois design et contenu. Avec cette façon de travailler, les projets sortent de terre plus tôt que prévu !

Il y a un sujet qui t’a fait galérer (un peu, beaucoup…) mais dont tu as appris en tant qu’UX writer ?

Le plus difficile pour moi a été d’apprendre à sortir du craft. Mon côté control freak (je me soigne 😌) fait que j’avais besoin d’être partout, tout le temps. C’est bien sûr impossible quand tu es dans une équipe avec un ratio d’un UX writer pour 10 designers.

J’ai mis longtemps à comprendre la valeur de construire des outils ops pour soutenir les designers qui sont seul·es sur certains projets, et pour faciliter le travail des Content designers.

L’accompagnement de mes derniers leads (Matti White et Guillaume Binard) et un focus à 100% sur un gros projet ops m’ont permis de découvrir une autre facette de notre métier d’UX writer.

En revanche, demander à une Content designer solo de travailler sur la conception des contenus, de former les designers et de mettre en place des outils, sans aucune priorisation des tâches, c’est mission impossible.

N’hésitez pas à exprimer vos doutes et le besoin de prioriser vos missions si on vous demande de faire le travail de 3 personnes. On peut tenir le coup un temps, mais rapidement ça devient intenable et, résultat, on ne rend service à personne : ni à notre discipline, ni à nos collègues, et encore moins à nous-même.

Il y a quoi dans ta boîte à outils pour travailler ou collaborer en tant qu’UX writer ?

J’adore explorer tout un tas d’outils, même si je n’en ai pas toujours un usage très académique.

Foglietto est mon outil numéro un. Bon techniquement ce n’est pas un outil SaaS, mais ce sont des petites cartes ou fiches de tailles différentes qui me suivent tout au long de mes projets pour organiser mes notes, les briefs, les to-do, et même les wireframes ! #teampapier

Mobbin pour les benchmarks. J’adore la recherche par mot présent dans les interfaces. C’est le premier outil pro que je me suis payée quand je suis devenue freelance.

Excalidraw pour bidouiller des maquettes low-fi (ndlr : low-fidelity, ou basse fidélité) pour arriver aux designs jams avec des propositions. Pro tip : ça marche aussi très bien sur une feuille et du papier.

Les DevTools de Google marchent très bien pour faire des tests de contenu in situ.

Figjam pour poser mon cerveau sur des mindmaps, ou pour faire des roadmaps rapidement grâce aux modèles.

Grammarly ou Writer pour pouvoir intégrer des content guidelines en plus du correcteur d’orthographe.

Notion pour tout consigner, partager les bonnes pratiques et organiser mon travail de freelance.

Qui est LA personne sur qui tu peux toujours compter pour t’aider ou te challenger en tant qu’UX writer ?

Au risque de faire doublon avec ce que Ludivine (Kasteleyn) a dit, j’ai l’immense chance de pouvoir compter sur ce petit crew pépite composé de Ludivine, Chiara (Angori) et Florian (Peeters).

Nous nous sommes rencontrés autour de discussions sur les défis à relever quand on est UX writer ou Content designer solo. Aujourd’hui encore, nous nous parlons pratiquement tous les jours. On peut échanger sur nos doutes côté microcopy, sur nos challenges organisationnels, ou encore sur nos challenges au quotidien. C’est une sacrée soupape qui nous permet d’exprimer nos frustrations aussi.

Plus récemment, j’ai eu la chance de rejoindre Camille (Promérat) pour une mission, alors que ça faisait plusieurs mois — presque un an — que nous échangions régulièrement sur nos pratiques. Elle m’a beaucoup apporté et je suis ravie de pouvoir bénéficier de son approche et de son expertise sur tous les sujets ops.

Globalement, je trouve qu’il y a une très grande sororité (désolée Florian !) dans le Content design. Nous nous serrons les coudes, et je remarque que nous sommes toutes et tous tellement passionné·es par nos métiers que nous avons ce besoin d’échanger, d’aider les autres et de faire grandir notre communauté.

Tu trouves qu’il y a un sujet dont on ne parle pas assez en UX writing/Content design ?

Il y a 15 ans, tout le monde donnait son avis sur le design, sur une couleur ou sur l’organisation d’une page. Petit à petit, le design s’est étoffé, s’est documenté et a su se distancer d’un mélange d’opinions pour gagner en objectivité et en impact.

Dans le content, on est encore dans cette phase où tout le monde croit savoir mieux que les autres. Les mots sont un outil encore plus universel que les composants design, chacun·e peut s’en saisir et faire des propositions.

Souvent, la validation du contenu est justifiée plus par la hiérarchie de celui qui l’impose que par des arguments UX.

Il faut donc ne pas hésiter à bien documenter ses recommandations, à proposer systématiquement des tests, à archiver ses décisions.

Un écran à la fois, nous frayons la voie qui permettra aux UX writers et aux Content designers de demain ne plus avoir à mener les batailles d’opinions, mais plutôt de recentrer les débats sur un contenu au service de l’expérience utilisateur.

Quel est l’argument que tu avances pour aligner tout le monde sur le contenu UX ?

Une première chose est de savoir où en est le projet.

  • Si on fait appel à toi à la fin du process design et qu’on attend simplement une revue rapide du contenu, tu ne pourras pas vraiment faire bouger les choses. Dans ce cas-là, mieux vaut prendre son mal en patience et apporter ce qui est demandé, même si ça représente seulement 5% de tes capacités et qu’un correcteur d’orthographe aurait très bien fait l’affaire. 😞  En revanche, c’est le moment idéal pour expliquer comment, en restructurant l’architecture de l’information, on aurait pu avoir un rendu beaucoup plus efficace, user-centric, etc.
  • Quand tu es impliquée dès le début, depuis les wireframes, tu as souvent le temps de faire plus de recherche. Tu peux fournir des captures d’écran d’apps ou de sites pertinents qui viendront appuyer tes propositions. En co-conception avec l’équipe design, tu verras que tes propositions seront davantage considérées et discutées en contexte, et surtout en même temps que le design. Le contenu sera donc désacralisé, et c’est exactement ce qu’on recherche. Le fait de devoir argumenter pour chaque morceau de contenu ne sera même plus un sujet, simplement car ce dont on avait besoin et comment on allait le dire a été défini ensemble, au fur et à mesure.

Si les mots et les designs ne font qu’un ensemble qu’on évalue comme tel, on arrive bien plus souvent et plus rapidement à de meilleurs écrans.

C’était la réponse longue, la réponse courte : arrêtons de traiter le contenu comme une matière à part entière, et considérons-le exactement comme le design.

C’est-à-dire, comme un objet qui évolue au fur et à mesure des itérations, qui a le droit d’être WIP (ndlr : work in progress, ou en chantier 🚧), qui est améliorable, qui doit être testé et qui n’est jamais gravé dans le marbre.

Un conseil de pro pour une personne qui voudrait se lancer en UX writing ou Content design ?

Sois curieux, sois curieuse, fais des propositions, montre ce qui te plait dans ce métier.

Plus que la copie parfaite, pour moi c’est plutôt un cheminement de pensée, une démarche, une réflexion que tu peux mettre en avant pour permettre à ton interlocuteur ou ton interlocutrice de comprendre comment tu es arrivé·e à ces propositions.

Écris aux UX writers et Content designers sur Linkedin : nous sommes nombreuses et nombreux à répondre et à trouver un moment pour échanger.

Participe à des conférences, écoute des podcasts sur le design, le produit ou encore l’IA. Tous ces sujets feront partie de ton quotidien demain, alors plus tu peux en savoir, mieux c’est.

Familiarise-toi avec les outils disponibles. Figma Community regorge de UI Kits en open source que tu peux utiliser pour bidouiller, mettre tes mains sous le capot pour comprendre ton futur environnement de travail.

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Merci à Camille de s’être prêtée au jeu du portrait d’UX writer !

Des UX writers que vous aimeriez découvrir ici ? N’hésitez pas à nous suggérer des noms, nous sommes toutes ouïes ☺️

➡️ Dans la même série, retrouvez le portrait de Ludivine Kasteleyn, UX writer chez Pennylane.

Les ressources conseillées par Camille pour progresser en UX writing

  • Les rendez-vous d’UX Writer FR - Des invité.e.s inspirant.e.s et des échanges de passionné.e.s
  • Tout ce que crée Nicole Michaelis - Ses podcasts Content Rookie, et plus récemment ses articles
  • Les publications de La Grande Ourse - Une mine d’or de ressources à consommer sans modération